Feodale
Histoire des institutions politiques (2ème
semestre)
Par
Mr Olivier Devaux
(Suite de l’époque féodale)
B) L’évolution à l’intérieur des grandes
principautés
Le mouvement de désintégration des
structures public ne s’est pas arrêté au niveau des grandes principautés, le
phénomène c’est aussi déroulé aux niveaux inférieurs : dans chaque
principauté les agents publics inférieurs vont chercher à établir l’hérédité et
l’autonomie de leur fonction (10-11ème siècle). Le duc conserve
l’autorité judiciaire au plus haut niveau et les prérogatives de souveraineté.
Exemple : le duc de Normandie ou le duc de Barcelone.
Dans d’autres grands fiefs (plus
nombreux), l’autorité du grand seigneur va être affaiblie car les puissants
propriétaires (évêques, vicomte) vont pratiquer à leur niveau une politique de
renforcement d’autorité sur les hommes, d’hérédité et d’autonomie vis-à-vis du
duc.
Parfois le vicomte va être le vassal du
comte (duc) dont il relève (son territoire), parfois ce vicomte va relever d’un
autre prince et va ainsi tenter d’assurer son indépendance en jouant des
rivalités entres maisons princières. Exemple : Le comté de Toulouse, il y
a les vicomtes de Béziers qui parviennent à une indépendance et constitue une
principauté à l’intérieur de la principauté de Toulouse : La famille
Trancavel. En portant leurs hommages au comte de Barcelone, résultat = dans la
pratique certaines grandes principautés apparaissent comme une agrégation de
seigneurie multiple
C) Château et châtelain
Au dessous du niveau du comte et vicomte,
le morcellement seigneurial continue de s’accomplir de façon très complexe. La
construction de nombreuses forteresses (insécurité) va contribuer à la
formation d’un type de seigneurie : la châtellenie (fief du châtelain).
Dès l’époque franque, il existe des
domaines ou bourg fortifiés (insécurité), aux 9 ème et 10 ème siècles de
nouvelles fortifications sont construites pour résister aux raides normands et
musulmans.
A la fin du 10ème siècle,
elles se multiplient encore du fait des guerres privées entres grandes du
royaume. Dans cette période, construire une fortification et assurer sa défense
apparait comme la technique la plus sur pour se protéger de l’adversaire et
préparer la riposte. Le château constitue un élément de puissance, cela devient
un centre de protection et devient un élément de groupement humain.
A l’époque franque, le droit d’élever les
fortifications est réservé au roi seul et par délégation au comte. Cependant,
comme pour les autres droits, va être le sujet d’usurpation aux niveaux des
grands. Les ducs, les comtes devenu indépendant du pouvoir royal vont
multiplier les forteresses aux frontières de leurs principautés, également en
construire sur les axes de communication pour se protéger des invasions et des
voisins et/ou affermir leur autorité sur la région.
Evolution : à l’origine le châtelain
(gardien du château) le castellanus est l’agent, le subordonné révocable du
comte. La garnison du château reste sous l’autorité du comte.
En réalité il va y avoir tendance à
l’hérédité : ces châtelains ont reçus à titre de rétribution les terres
autour du château, désormais la fonction de châtelain et les terres vont être
considérées comme un « honneur » indivisible tenu à titre de fief
hérédité.
Beaucoup de grands propriétaires laïcs ou
ecclésiastiques construisent eux même des châteaux pour défendre leur domaine,
avec autorisation du comte ou de leur propre autorité. Si le comte n’est pas
assez fort pour en obtenir la destruction et pour maintenir le principe selon lequel
il ne peut y avoir de château sans son aveu : l’usurpation réussi et la
construction devient le maître du pays contrôlé par la garnison.
Le châtelain va acquérir le droit de
ban : le pouvoir de justice. La puissance sur la zone qu’il domine et
qu’il protège. Résultat = la châtellenie devient une seigneurie.
Le degré d’autonomie du châtelain varie
selon les principautés dans les régions où les pouvoirs du grand seigneur sont
fortement établi, les châtelains reste des subordonnés obéissant qui assure la
défense et rendre la justice sous autorité du grand seigneur. Ex : la
Normandie.
Dans d’autres régions où la dislocation
du pouvoir est plus complexe : châtelains deviennent des seigneurs
indépendants. Exemple : Montpellier.
Chapitre 2 : La seigneurie dans la société
féodale
Le terme de seigneur est un terme
moderne, les hommes de l’époque et les documents n’expriment pas l’existence
d’une catégorie abstraites mais un rapport : on est seigneur de quelqu’un
ou quelque chose. En effet cette situation de seigneur correspond à une
relation concrète d’autorité sur les hommes et sur les terres. Les documents de
l’époque vont qualifier ces puissants de : Senior ou Dominus. Ou alors ces
documents énumèrent les prérogatives du seigneur sur ses hommes. Où ces documents
emploi le terme de Justicia = car le seigneur est celui qui exerce un pouvoir
sur les hommes et ce pouvoir se manifeste par l’exercice de la justice.
Section
I) La justice dans la seigneurie
I) Justice est pouvoir
Entre le 10 et 12ème
siècles, les droits de justice (régaliens) vont passer progressivement entre
les mains de l’aristocratie (grands propriétaires, comte autonome). Ce
mouvement tient en grande partie de la décadence de l’autorité souveraine, qui
va permettre aux grands d’étendre leurs prérogatives.
Ce mouvement
correspond aussi aux transformations de l’organisation domaniale : la
diminution de la réserve, le recul des corvées (paysans ont une tenure contre
un travail gratuit sur la réserve) + le morcellement en fief. Tous ces éléments
vont être compensés par le développement de droit de l’exercice du pouvoir de
justice.
A) De la justice publique carolingienne aux
justices seigneuriales
L’organisation
judiciaire féodoseigneuriales, c’est établie à partir des ruines du système carolingien
de justice publique. Au 10ème
siècle, le système carolingien se dégrade, alors l’idée de la justice
souveraine recule et disparaît même dans certaines régions. Résultat = les
plaibs ne vont plus jouer qu’un rôle d’arbitrage, de plus lorsqu’un individu
lésé s’adresse à des juges le recourt n’est guère efficace. Les comtes, les
ducs, haut niveau aristocratie, paraissent avoir perdu de vue l’idée d’une
justice qui ordonne et condamne. Les grands seigneurs se comportent plutôt
comme des médiateurs. Devant les plaibs, les actes qui sont passés seront le
plus souvent des accords entre les partis, ou des renonciations.
Début 11ème siècle, l’impuissance de la
justice est à son comble, exception faite de la Normandie, la Catalogne et la
Flandre.
Les institutions
judiciaires vont reprendre petit à petit, plus d’efficacité et de netteté, en
effet à mesure que les hiérarchies féodales se précisent, les plus puissants
seigneurs vont être en mesure de faire respecter plus souvent leurs décisions.
Exemple : le roi de France va oser de nouveau faire comparaître le
défendeur (accusé) devant sa cour et assurer l’exécution de la sentence.
Exemple : 1108, le roi Louis IV (le Gros) va convoquer sans succès le sir
du Puiset (un village en Ile-de-France), puis il l’élève une armée, fait le
siège du château et s’empare du seigneur (jugé et château rasé).
Dans l’ensemble du
royaume, l’organisation des justices seigneuriales se consolide au cours du 12ème
siècle, avec la renaissance d’une justice ayant valeur obligatoire.
Le pouvoir du
seigneur justicier se rattache à l’ancien droit de ban qui appartenait au roi
et par délégation au comte. Ce pouvoir de ban va fonder le pouvoir de justice
répressif (le banum : pouvoir de commander et sanctionner ceux qui
n’obéissent pas), il permet aussi au seigneur d’imposer des règles dans la zone
qui relève de lui.
B) Les catégories de justice : la haute et
la basse justice
1) La haute Justice ou justice de sang ou plaid
de l’épée
Compétences :
Matière pénal : les crimes punies de mort ou de mutilation. Meurtre, viol,
incendie volontaire.
En matière
civil : ce sont les litiges qui peuvent donner lieu à la preuve par duel
judiciaire : toutes les questions de propriété et toutes les affaires
relatives au statu des personnes (esclave/homme libre), qui fixe de façon
définitive le statu d’un individu et ses descendants (statu héréditaire).
Les emblèmes de la
haute justice sont d’abord :
- Le Gibet (pouvoir de condamner à mort,
pendaison)
- Les fourches patibulaires (une série à la
suite de pendaison) perpétué jusqu’au 18ème siècle (Toulouse :
la barrière de Paris), supprimé avec la révolution. Patibulum = partie de bois
de la crusifixition.
- Le pilori
La haute justice (Heures perdues de Pierre Barthes) dérive de
la justice du comte carolingien, auxquels étaient réservés les Majores Causae.
Au 10ème
et 11ème siècle, cette haute justice n’appartient qu’aux successeurs
des comtes francs. Cependant, le démembrement de la puissance publique s’étend
poursuivit en dessous du niveau de comte, beaucoup de seigneur de moyenne
importance vont devenir haut justicier, soit par concession soit par
usurpation. Les hauts justiciers deviendront beaucoup plus nombreux que ne
l’étaient les comtes francs. Cette qualité de haut justicier va être beaucoup
plus fréquente dans les régions où la désagrégation de la puissance publique a
été la plus complète. Exemple : Île-de-France, la famille de Garlande
était haut justicière sur une rue de Paris.
2) L a basse justice
Vient de la
juridiction du vicaire carolingien qui jugeait les minores. La compétence est
limitée aux affaires de moindres importances.
En matière
pénale : les délits punies d’une amende de moins de 60 sous.
Exemple : petit délit rural, les injures, les coups.
En matière
civil : toutes les affaires qui n’entrainent pas la preuve pas duel
judiciaire. Exemple : une créance.
La basse justice
est moins élevé en dignité et moins profitable (les amendes) que la haute. Par
contre celui qui exerce la basse justice est souverain dans les limites de sa
compétence : le bas justicier n’est pas subordonné au haut justicier en
matière judicaire.
La situation réelle
est très complexe :
- l’intérêt pour les droits de justice est
si grand que même les plus petits seigneurs vont s’efforcer d’acquérir justice
sur leur terre.
- La justice devient un élément du
patrimoine : appartient à la famille, hérédité. Résultat = elle peut être
aliéné (vendre ou donner), vendable à un tiers. Elle peut aussi être divisée en
part très nombreuses après plusieurs générations (partages successoraux).
Dans le midi il est
fréquent que chacune la justice appartiennent à plusieurs seigneurs en
copropriété, qui doivent alors se concerter pour rendre la justice en commun ou
pour nommer un déléguer.